L’autre matin je n’ai pas eu le temps de faire mon quart d’heure de méditation avant de partir au bureau, parce que j’ai snoozé mon réveil 3 fois… Quel délice de temps en temps… Je ne regrette rien !
D’autant plus que j’ai eu une place assise dans le bus. Victoire !
J’ai fermé les yeux pour méditer et boucler ainsi ma routine matinale.
Et là…. Est-ce parce que j’ai vu un reportage sur les bruiteurs et les chasseurs de sons la veille au soir ?
Concentrant toute mon attention sur les bruits qui m’entouraient, j’ai plongé dans la profondeur sonore de l’instant :
- Le bruit du moteur du bus, qui accélère, décélère, se modifie entre les lignes droites et les virages, les freinages, les doux arcs pour stopper aux arrêts. Je pouvais m’imaginer le pied du chauffeur bouger, sentir l’accélérateur sous mon pied, au bruit.
- Le pschhhhhh des portes qui s’ouvrent puis se referment, expirant bruyamment, pendant que le moteur retient son souffle avant de s’élancer à nouveau.
- Les bips des titres de transports validés en rythme, suivis par les coups de talons et les frottements des manteaux des passagers s’avançant le long du couloir central.
- Le bip-bip de l’arrêt demandé qui annonce la baisse du ronflement du moteur et les pas dans l’autre sens.
- La carlingue et les vitres qui vibrent tellement fort parfois, lorsque la route est cabossée – tellement que le corps aussi en tremble… Un vrai power plate.
- Le chauffage, toujours mal réglé, qui fait un boucan de dingue et s’arrête tout d’un coup : c’est agréable de ressentir un instant, dans ces lasagnes sonores, une couche silencieuse.
- Tous les grincements presque flippants de l’accordéon central qui anguille dans les tournants.
- Les bruits des conversations : Les collègues ou voisins qui papotent pendant le trajet commun ; Les passagers sans pudeur qui racontent leur vie au téléphone toute voix dehors.
- La musique qui grésille dans les écouteurs, et parfois, une minette qui chuchote et minaude pour sa story Insta du matin.
- Et enfin, à l’extérieur de la capsule roulante, les bruits des voitures, scooters, tramways, la frénésie logistique du matin, et le ronflement fraternel des bus de l’autre sens.
Quelle richesse ! J’ai compris ce que pleine conscience veut dire, et pourtant je ne l’ai activée qu’en sens unique. Saturée, mon ouïe avait ouvert grand les écoutilles, les sons m’avaient envahis, et je les ai savourés en gourmande, junk-food sonore surprenante et réjouissante.
Puis j’ai ouvert les yeux. Terminus. Les sons sont retournés à leur place, en arrière-plan. Les autres sens, reposés, ont repris leurs fonctions. Au boulot.
2 réponses à Méditation sonore dans le bus (1’30 de lecture)