Lorsque j’anime un séminaire professionnel, j’aime commencer par le jeu des couleurs.
C’est un brise-glace qui permet au groupe de se constituer, et lui donne matière à réflexion sur le processus de créativité. Je l’ai appris à Bordeaux, à la Journée des organisations positives.
C’est ultra-simple ! Je demande au groupe de me citer des couleurs, comme ça leur vient.
Toujours, les premières couleurs nommées sont basiques : les couleurs primaires ou pas loin. Rouge, jaune, bleu, ….vert, violet… Puis quelqu’un va dire : noir ? Mais est-ce que noir c’est une couleur ?
Je dis que oui, noir c’est ok. Alors quelqu’un va dire « blanc alors ! », puis un autre « ben…gris ! »
Et là, souvent, il y a ce que j’appelle « la traversée du désert », un moment de silence et de perplexité, où plus personne n’a d’idée et ou tous se demandent à quoi ça rime de jouer à ce truc stupide, et qui a eu l’idée d’embaucher une coach qui fait faire des trucs inutiles.
Je garde le silence, puis je stimule « Allez, je suis sûre que vous pouvez en trouver d’autres ! »
Alors, une personne un peu plus créative, mais un peu timide, va lancer du bout des lèvres : « je sais pas…. Beige ?…. Jaune poussin ? »
Là j’encourage : « Yesss ! Bravo, allez les autres ? »
Et là normalement c’est parti !
« Abricot, bambou, argenté, doré, coquille d’œuf, coquelicot, bleu outremer, rouge vermillon, gris anthracite, gris fumée, framboise écrasée, béton clair, mauve, turquoise, … » et si vous avez des techniciens dans le groupe, vous irez vite vers du « aluminium, tungstène, RAL 9006… » et ça commencera à bien rigoler.
Une fois que le groupe a bien bouillonné, ce qui ne prend que quelques minutes, je fais le debrief suivant :
Cet exercice facile nous montre qu’au début d’une réflexion, ce sont les idées les plus basiques, les plus courantes, qui nous viennent à l’esprit. Une fois qu’elles sont sorties (un peu comme une croûte de surface), il y a une couche de vide. On croit qu’on n’a plus d’idées et le risque est d’arrêter de réfléchir.
C’est là qu’il faut tenir bon et traverser le désert. Car les idées créatives sont en-dessous, et il faut laisser le temps à notre esprit de faire le chemin nécessaire pour accéder à ses ressources les plus précieuses et les moins normatives.
Ça marche pour les couleurs, ça marche aussi pour les idées !
Ça marche quand on est en groupe (et lors de cet exercice on voit bien comment l’intelligence collective se mobilise, les idées des uns activant des idées nouvelles chez les autres et ainsi de suite) mais ça marche aussi quand on est seul.
Alors lorsque vous recherchez des idées, ou que vous avez un problème à résoudre, prenez le temps de vous asseoir au calme, par exemple en position de méditation, avec un carnet et un crayon à portée de main, et posez vous la question qui vous occupe.
Et laissez le temps et l’espace à votre cerveau de faire son job, en toute tranquillité, sans stress.
Les premières idées vous viendront facilement, mais vous ne vous arrêterez pas là. Vous traverserez le désert patiemment, sans stress, et arriverez aux oasis des idées nouvelles ! Ne vous arrêtez pas avant d’avoir vraiment tout exploré et noté. Prenez au moins 15 minutes de réflexion.
Toutes les idées produites ne seront pas exploitables, mais parmi celles-ci, vous trouverez votre solution, ou a minima les pistes de réflexion pertinentes.
Le chemin sera débloqué. Vous recommencerez à avancer.