Le moments de transport peuvent être ressentis comme du temps perdu, une contrainte logistique incontournable dont on se passerait. Ah, si on pouvait transplaner …. !
C’est sûr, si je pouvais, là, d’un claquement de doigt, me retrouver pour la soirée ou le week end en Thaïlande, au Danemark ou sur la côte bretonne … Je n’hésiterais pas.
Un jour peut-être… En attendant, j’adore ces moments de transit. Arriver tranquillement à la gare en avance, prendre un café en regardant les gens et en rêvant, prendre le temps de mémoriser le n° de wagon et de siège, revérifier que je n’ai rien oublié, me rendre compte que …oui, ma brosse à dents ! (évidemment…) et filer en acheter une chez Hema, roue de secours des voyageurs. Envoyer quelques sms pour le plaisir, respirer en se disant que tout est ok, que ça fait du bien de s’asseoir dans un café juste comme ça, pour passer le temps.
Puis prendre le train. Avec des écouteurs, pour se caler un peu dans sa bulle. Lire, laisser le regard filer par la fenêtre, voir le paysage défiler, regarder les autres passagers, se demander quelle est leur vie, l’imaginer, flasher sur le sac ou le parfum de la dame d’à côté et désirer le même. Rêver, imaginer sa vie future, prendre des décisions ; se promettre de changer des choses dans la vie quotidienne, dès le retour. Combien de décisions ai-je prises en transit ! Beaucoup ont été concrétisées.
C’est encore plus puissant en avion. J’avais 18 ans quand je l’ai pris pour la première fois : c’était comme partir pour la lune en fusée. Expérience renouvelée depuis, mais pas assez pour que ça ne reste pas un évènement extraordinaire, au fort goût d’aventure. En transit dans un aéroport, je me sens libre, en pleine possession de mes moyens, vivante, exploratrice en route vers l’inconnu. J’ancre dans mon corps et mon âme cette sensation de puissance, de liberté et de fluidité teintée d’excitation. Dans ces moments-là, entre autres, je me sens au plus proche de qui je suis profondément. Nomade et sans trop de racines.
Partir, revenir…. Partir surtout. La prise de distance géographique embarque le recul psychique. La vie se présente sous un autre angle, on se décolle du quotidien pour faire de la place au mouvement et à la nouveauté. Un espace s’ouvre pour reconfigurer, aérer, voir les choses autrement, stimuler la réflexion. Des fenêtres intérieures permettent à l’air nouveau de rentrer et les lignes bougent…. L’énergie circule à nouveau, grâce à ces moments où notre vie est en stand-by, charnières temporelles qui sont tout sauf ennuyeuses si l’on sait les enchanter.
A plus petite échelle aussi, on peut activer ces sensations : dans le bus, dans une salle d’attente, à pied en allant au bureau. Petits moments où le décrochage et l’élaboration mentale sont possibles, où l’on peut être au plus proche de soi-même, en contact avec notre identité profonde.
Et vous ? Comment vivez vous ces moments de transit ? Qu’évoquent-ils pour vous ?