Une question m’a été posée aujourd’hui : quel conseil donnerais-tu à ton Moi de 10 ans, si c’était possible ? A une version plus jeune de moi-même, qui a été, n’est plus là, mais reste pourtant intégrée à la personne que je suis aujourd’hui, comme une couche sédimentaire.
La première chose qui m’est venue à l’esprit est : ne commence pas à fumer et fais beaucoup de sport à la place. Pas terrible… Mon père aurait pu me dire pareil.
Laissons infuser un peu…. Comme la tisane verveine-menthe du jardin que je sirote en écrivant.
J’adorais déjà la verveine à 10 ans. J’allais la chercher le soir dans le jardin l’été pour y verser de l’eau bouillante.
Je me sentais forte, solide et intelligente. J’aimais escalader les rochers au bord de la mer. Je voulais devenir poète et écrivain, et construire un palais au fond de l’océan. Je fabriquais des colliers avec des bigorneaux jaunes d’or qu’on ne trouvait que sur 2 plages. Je les vendais ensuite à toute la famille et ne comprenais pas pourquoi ils ne les portaient pas.
Je me dirais de ne jamais cesser de me sentir forte, solide et intelligente, quoique les autres disent ou semblent penser, et quoi qu’il arrive. Et de retourner de temps en temps, seule, escalader les rochers bretons.
Je me dirais de suivre mes désirs comme ils se présentent, et si ce qui me fait vibrer, c’est de fabriquer et vendre des colliers en coquillages jaunes, de continuer à le faire, jusqu’à ce que j’ai l’idée de fabriquer d’autres trucs.
Si j’ai le désir de devenir poète ou écrivain, de ne jamais lâcher ce rêve et de travailler. Si en chemin, je rencontre d’autres rêves comme de devenir interprète-traductrice, de m’y tenir et de ne pas écouter ceux qui me disent que c’est vraiment pas terrible comme rêve, que de vouloir traduire les mots des autres. Quand bien même ce serait mon père qui le dirait. Je me dirais tout particulièrement de toujours prendre mes propres décisions, surtout en ce qui concerne mon avenir.
Qui sait ? J’aurais pu finir par traduire mes propres mots d’écrivain.
Je me dirais d’apprendre à écouter vraiment les autres, au-delà de leurs mots, à les respecter et à être en relation avec eux sans chercher à fusionner comme si nous n’avions pas de frontières. Nous avons des frontières. Nous sommes tous des territoires autonomes en interdépendance.
Je me dirais d’écouter mon cœur, de le sonder, de trouver la bonne vibration, d’ausculter ses dissonances pour les comprendre.
De rester amie avec les personnes qui me touchent, même si le groupe les rejette ou les humilie.
De dire Non au lieu de dire oui ou rien, par peur ou pour faire plaisir aux autres. Je me dirais de hurler et de me mettre en colère quand c’est ce que je ressens, en vrai.
Je me dirais de continuer à écouter de la musique et à en nourrir mon cerveau et ma mémoire en abondance. Je me dirais que, presque 40 ans après, je kiffe toujours autant écouter ça (oh punaise, il y a un clip !) et ça, au casque. Et aussi ça.
Et vous, que diriez vous à votre Moi de 10 ans ?
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