La musique laisse une empreinte tellement puissante.
Aujourd’hui je suis rentrée du travail sous un ciel lourd gris plomb. J’avais ressorti ma doudoune, le vent et la pluie me fouettaient le visage, je n’avais qu’une seule envie, me réfugier chez moi, au chaud, au sec. Recommencer à hiberner, dans ma tanière, après la parenthèse enchantée en Thaïlande.
Et là, pour la première fois depuis mon retour, je mets une musique qui m’a accroché l’oreille là-bas. J’ai eu la bonne idée de la shazamer. Je l’ai capturée pour ne pas la perdre. Une musique que je ne connaissais pas, qui ne ressemble pas à ce que j’écoute. Elle était tellement légère, simple. Elle reflétait parfaitement l’instant et c’est lui que je ne voulais pas perdre : We are friends.
En quelques notes tout revient …. Instantanément je suis transportée une semaine en arrière, dans le hall du Blu Monkey Hub and Hotel, où nous avons passé la nuit après avoir atterri tard à Phuket.
Il y a énormément de vent dans ce grand hall ouvert sur l’extérieur : ça me surprend quand j’arrive, c’est bizarre et agréable.
Les portes et baies vitrées sont grandes ouvertes à l’avant, côté rue, et à l’arrière, côté piscine. Il est fort ce vent, et que fait-il à l’intérieur ?
Il est chaud et bienfaisant, il se mêle à la musique qui ondule dans le vent comme un drap propre séchant au soleil. La voix de la fille est tellement douce et fluide. C’est une fille d’été, une fille de plage au soleil, une fille libre et heureuse, irréelle.
On prend son breakfast autour d’une très grande table haute et carrée, sur des tabourets de bar confortables. C’est un hôtel moderne et design. Ça change de la pension de famille de Chiang Maï que nous avons quittée hier midi.
Il n’y a qu’une autre personne attablée. Il est tard, mais on a jusqu’à 11 heures. Je suis descendue la première, les garçons traînent un peu au lit. Ce sera un petit dej désynchronisé.
Le café n’est pas bon mais on s’en fout, il y a un grille-pain, du beurre qui inspire confiance. Des bananes et de l’ananas coupé. Des petites bouteilles d’eau. Les œufs brouillés ne me tentent pas ce matin, j’opte pour du sucré.
Deux jeunes femmes chinoises très maquillées, avec de grandes robes et de longs cheveux noirs, n’en finissent pas de se prendre en photo réciproquement, dans des poses de star. Elles doivent trouver que ce hall d’hôtel est un bon décor pour leur feed Instagram. La musique inspire leurs mouvements, le vent soulève leurs cheveux, complices de leur narcissisme.
Je les regarde : comment peuvent-elles faire ça devant des gens qu’elles ne connaissent pas, je ne comprends pas. Il y a quelques clients et des employés. Je suis à la fois amusée et agacée. Peut-être que j’aimerais être moi aussi jeune avec de grands cheveux lisses et une belle robe colorée ? Mes cheveux ressemblent à de la paille, je suis habillée en baroudeuse, et je n’ai jamais connu l’âge des selfies sur Instagram. Mais c’est comme ça que je me sens bien.
And now …. I feel the push of the stream that has kept me going,
And now I see, what I can be….
Je remonte me préparer pour la journée.