De plus en plus souvent le soir, quand je ferme les yeux pour m’endormir, les couleurs explosent dans ma tête.
Je ne sais pas d’où ça vient, vertige merveilleux, courant coloré qui cherche à m’emporter. Et moi, pauvre fille, je résiste.
Ça bouge tout le temps, comme un kaléidoscope. Parfois, j’attrape une idée, plus claire, plus stable, moins joueuse que les autres. Plus mûre ? Ou a-t-elle juste envie de se faire remarquer ?
Je ne veux pas la perdre . Je sais que, même si sur le moment, je suis sûre que je m’en souviendrai le lendemain matin, en fait à mon réveil elle se sera évanouie. Juste, je me rappellerai que j’ai eu une bonne idée, et serai frustrée de ne pas m’en rappeler, en colère de ne pas l’avoir notée, d’avoir encore eu la naïveté de la laisser filer. Elle se sera envolée, évaporée. Toujours.
Volatiles, éphémères, les idées viennent toquer à votre porte mais, si ce n’est pas le bon moment, elles s’en vont voir ailleurs et se font oublier.
Oui, peut être que, comme le dit Elizabeth Gilbert, comme par magie, elle disparaissent et partent se promener dans la tête de quelqu’un d’autre qui aura une ouverture sur son monde intérieur.
Alors maintenant, quand vraiment l’idée s’impose, insiste, tenace, persévérante comme un chat qui gratte à la porte, je rallume la lumière et la croque sur le carnet qui traîne sous mon lit. Alors, je peux dormir tranquille, l’esprit satisfait et apaisé.
Ce soir-là, un lotus, un cœur et un papillon se sont alignés le long d’une tige comme sur une brochette de fruits. Il y avait plus de lumière, plus de couleurs, on aurait dit un vitrail. J’en ai fait ce que j’ai pu. Peut être que j’en ferai un autre accentuant le côté vitrail, qui ne me revient que maintenant, en écrivant. Ces idées dans la tête sont à la fois précises et insaisissables. On n’arrive jamais à produire exactement ce qui s’est manifesté. C’est encore autre chose qui nait de nos mains, l’inspiration ne se laisse jamais totalement attraper.
Pour apprivoiser ce processus spontané et sauvage, le cultiver comme une orchidée rare et fragile, la méditation est la voie royale. Cela nécessite d’être à un niveau de pratique suffisant pour vider sa tête, calmer son corps, puis se connecter sur un canal de visualisation sans rien chercher. Détendre complètement son cerveau pour laisser venir. Tout doucement. Attendre.
Des images délicates comme des filaments de pensées colorés peuvent alors se former. On peut travailler ça comme un muscle, mais sans jamais rien forcer sinon tout disparait.
Je suis la plus heureuse lorsque qu’une fleur de lotus lumineuse apparait et reste plusieurs secondes dans le creux de mon esprit. Peuvent apparaitre en son centre, cadeaux secrets et surprenants, un diamant, un cœur, une bougie, une rose.
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