La Thaïlande m’a prise à revers cette année : jamais je n’ai eu l’intention d’y aller.
Mon rêve c’était New-York, j’ai attendu 30 ans pour me décider et je crois qu’il m’a fallu perdre mon père pour passer à l’action. Sans doute ai-je senti passer un souffle voldemortel me chuchotant « tu n’iras jamais », et c’était insupportable. Quand je voyais des images de Manhattan au journal de 20 heures, je pleurais. Maintenant je souris.
Je suis partie seule avec mes 3 fils. Au moment de la descente vers JFK, j’ai compris pourquoi j’avais tant attendu : un vertige viscéral m’a saisie, une peur immense, comme au sommet d’une montagne russe : New York me fascinait autant qu’elle me terrorisait. Quand j’étais jeune, New York était très mal famée, et il me semblait que quiconque mettait les pieds dans son métro n’en sortait jamais. Une descente aux enfers.
Ado, lorsque je parlais à mes parents de mon rêve new yorkais avec une assurance insolente, des étoiles plein les yeux, mon père me disait que c’était une ville dangereuse et sale. Comment pouvais-je avoir envie d’aller dans un endroit où, lui avait-on rapporté, les immeubles étaient si hauts qu’on ne voyait pas le ciel depuis la rue, et on avait constamment une sensation d’ombre et de froid ?
Papa, « On » est un con. Décidément, sans le vouloir tu m’en as coupé des ailes, mais rassure toi, la flamme n’est pas éteinte. Peux-tu imaginer, depuis ton quartier de lune où, dans le ciel étoilé, tu te reposes en buvant du earl grey au chocolat, que ta petite dernière est allée à Bangkok !
L’étape suivante aurait dû être Sidney, mon autre rêve, à peine moins vieux, de nouveau monde .
Mais la vie nous joue des tours …. Son petit-fils a placé la barre bien haut en partant vivre en Thaïlande. Pour le voir, un peu, ses frères et moi avons mis le cap sur l’Asie.
Alors oui, je sais, la Thaïlande, c’est comme New York, c’est devenu d’un banal !… Presque tous mes collègues y sont déja allés, mais moi, même pas en rêve, et ça fait une sacrée différence. Ils m’ont sorti des tas de noms de Ko-truc qui m’ont complètement perdue. Quand à Bangkok… Cela m’évoquait seulement ça et ce n’était pas de bon augure.
Mes peurs avant ce voyage-là ont surpassé toutes les précédentes. J’y repensais en riant, détendue et aventureuse, à l’arrière d’un taxi filant vers l’aéroport Don Muang pour le vol de Chiang-Maï. Quand à la radio est passée une chanson inconnue, sonnant comme du David Ghetta, qui parlait de flammes. C’est comme ça que je l’ai retrouvée, ma deuxième madeleine musicale Thaï, avec les mots clé « David Ghetta » et « Flames ».
Just keep moving
Go go go
Figure it out, you can do this
Oh my love keep on running
Go go go
Don’t stop burning
Flammes comme la météo au-dehors, comme la morsure de la peur bien éteinte, mais surtout comme la flamme intérieure ravivée par les voyages, qui flambe les limites intérieures et fait pousser des ailes de phoenix.
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