Je sais que si le minimalisme me tente tant, c’est parce que je suis bordélique. Depuis toujours, les objets se jouent de moi : ils s’étalent, se mélangent, se cachent, et moi je me sens embrouillée et je perds un temps fou à les chercher.
Ma famille d’origine est clairement de culture bordélique. Champions de première catégorie de la sédimentation pluri-décennale. Mes parents n’ayant pas déménagé depuis 50 ans, je vous laisse imaginer la géologie matérielle de la maison.
Depuis mon adolescence, je lutte. Depuis ce jour mémorable où ma meilleure amie est rentrée dans ma chambre et que j’ai lu l’effroi dans son regard.
Qu’elle m’a dit, avec tellement de compassion dans les yeux (De la pitié ? De la stupéfaction ? Un combo…)
« Mais enfin Mathilde tu ne peux pas laisser tes vêtements traîner comme ça par terre, ils vont être tout froissés ». Bon, froissés, ça faisait un bout de temps qu’ils l’étaient, oups … Elle a patiemment tout ramassé et m’a montré comment on pliait des T-shirts. Incroyable ce truc, la grande classe ! Cela me semblait impossible à faire avec mes mains mais j’ai fini par réussir et je n’ai jamais oublié.
Peu à peu j’ai appris à ranger et nettoyer. Je suis devenue la maniaque de service aux yeux des autres membres de ma famille. Une qualification tout à fait relative puisqu’au regard des gens normaux, je suis plutôt « très cool dans ma relation au ménage » comme me l’a dit une autre copine 15 ans après la première.
Et les 5 S dans cette histoire, qu’est-ce ? Ce n’est pas le nom d’un I-phone mais une autre méthode issue du système de management de Toyota, intégré dans le Lean management, comme le Kaïzen.
C’est une méthode de rangement et de maintien en ordre qui est appliquée dans les ateliers mais peut se transposer à n’importe quel espace de travail ou domestique. A une chambre d’ado, je doute, mais on peut rêver.
Les 5 S sont les initiales de 5 mots japonais que voici :
SEIRI : supprimer l’inutile, se débarrasser du superflu, ne garder que le strict nécessaire (sur le poste de travail).
Par exemple, sur ma table de nuit, je pourrais enlever les 2 verres, 3 tasses et diverses autres choses hétéroclites (trombone, ticket de bus, jeton de caddie, vieux stylos…) qui traînent là depuis un certain temps.
SEITON : ranger, ordonner, situer les choses : une place pour chaque chose, facilitant son utilisation.
Je continue mon exemple : ma lampe de chevet, un carnet, un stylo, un livre, mon réveil et mes lunettes. Ma tisane du soir. Le tout à portée de main.
SEISO : nettoyer, faire scintiller, tenir propre.
Oui, c’est plus agréable quand c’est propre, je le constate après avoir ôté la couche de poussière sur la surface plane de ma table de nuit-cobaye. L’énergie circule mieux et c’est beau à regarder.
SEIKETSU : maintenir en ordre et propreté grâce à des règles basiques et la résolution des problèmes.
C’est là que ça se corse.
Cela signifie, par exemple, que je dois descendre tous les matins ma tasse de tisane vide… Et ne pas laisser s’accumuler les choses diverses qui profitent de mon absence pour sauter sur ma table de nuit.
SHITSUKE : pour que les 4 premiers S ne soient pas déroulés qu’une seule fois (suivez mon regard) il faut instaurer la rigueur et progresser :
Ça veut dire que demain matin je descendrai ma tasse, mais après demain aussi, ainsi que le jour d’après etc… Et que si j’oublie, pas grave, à condition que je reprenne le pli. Et dans 2-3 jours je devrais à nouveau débarrasser, nettoyer et ré-ordonner, parce que peut-être j’aurais pensé à un meilleur agencement, ou ajouté quelque chose qui manquait.
Et là qu’est-ce qu’on reconnait ? Mais oui, c’est bien l’esprit de l’amélioration continue qui plane dans ma maison !
Alors, ma table de nuit passée au crible d’un premier cycle des 5S, en 5 minutes, m’a fait un effet Wow !
C’est trop beau. Epuré. Reposant. Je me suis couchée apaisée et au réveil, j’ai été à nouveau émerveillée lorsque mon regard s’est délicatement posé sur cette surface zen. Il en faut peu pour être heureux, nom de Zeus ! Je suis sûre que cela va contribuer à un meilleur sommeil….
Il ne me reste plus qu’à Shitsuker dans le temps, de manière rigoureuse et disciplinée, et ensuite je vais étendre la zone d’application progressivement, en partant de petites zones et en augmentant la hauteur des marches peu à peu. Qui va piano va sano.
Je vais passer à mon sac à main (Aïe !), mon frigo (Argl !), ma salle de bain, ma cuisine et…. Graal absolu, Everest du bazar, mon garage. Quoi que ce dernier point me paraisse aussi difficile que de retenir les mots des 5 S en japonais.
Et vous, quel est votre rapport au choses matérielles et au rangement ?
2 réponses à Les 5 S peuvent-ils soigner mon ADN (bordélique) ?