Cette année je suis repartie en Thaïlande au mois de février. Je n’avais pas peur, ce n’était plus ma première fois en Asie. Maintenant, je sais que si quelque chose cloche dans la logistique, ce n’est pas grave : on trouve des solutions. Il suffit d’avoir un smartphone et un peu d’argent. Je connais la formule magique : Agoda, Grab, Trip (.com)
Donc je n’étais pas inquiète et je commençais à trouver ça louche… L’inquiétude, c’est un peu comme une garantie : on imagine des trucs terribles, c’est désagréable, mais c’est le prix à payer pour que tout se passe bien. Puisque plus de 90 % de nos peurs sont fantasmées, c’est mathématique.
Pour autant, la vie m’a appris que ce n’est pas une assurance tous risques et qu’on n’est généralement pas inquiet au bon endroit. Quand un problème survient, c’est sournoisement, en traître, là où notre imagination n’avait rien vu venir.
Et lorsqu’on est zen, il va forcément se passer un truc pas du tout prévu.
Voila le type de croyances que je cultive avec minutie depuis des décennies.
Et là…. PAF ! Fin janvier 2020: le corona virus en Asie, 3 semaines avant mon départ. Avouez que pour confirmer une croyance pourrie, c’est du top niveau !
La petite voix dans ma tête a commencé : « Ma pauvre fille, c’est vraiment pas de bol, un virus atroce juste avant ton départ, tu vois, je t’avais bien dit qu’il allait se passer un truc, et il faut que ça tombe sur toi ! Tu vas devoir annuler ton voyage, mais vraiment c’est pas de bol… »
J’ai réussi à la faire taire en appelant la Pensée claire à la rescousse : « Le virus est en Chine et il y a peu de cas en Thaïlande » a-t-elle dit, « Il n’y a aucune consigne de restrictions de voyage pour ce pays. Il faudra se laver les mains très souvent et ça ira ».
J’ai refoulé la peur et décidé que j’irai quand même.
Mais les Autres on repris en choeur : « Mais…. Tu vas partir ….. quand même ? »
Ben oui. Je suis partie. Le voyage était merveilleux.
Pendant notre séjour, le monde s’est renversé et c’est la Thaïlande qui a placé la France en pays à risque.
Aujourd’hui, je me rends compte, qu’à 15 jours près, je ne serais pas partie. Pas à cause du virus en Thaïlande, qui est encore relativement épargnée. Mais parce que le monde a fermé ses frontières, et que je suis confinée comme le tiers de l’humanité.
Qui aurait pu imaginer ça ? Pas moi. Personne.
Alors, je maintiens la croyance que les problèmes frappent dans les angles morts. Je vais ranger la Peur et l’Inquiétude dans le coffre de la voiture et tracer ma route.