Il était une fois une pelote de laine rose qui s’ennuyait au fond d’un tiroir. Elle y traînait son âme en peine comme en prison depuis 2 ans. Depuis que j’avais décidé de me remettre à tricoter le soir, puis que j’avais vite abandonné au profit de la peinture. La pelote avait donc à moitié la forme d’une pelote, et à moitié la forme d’un début d’écharpe trop large. Elle s’ennuyait et moi, à chaque fois que j’ouvrais le tiroir, je me sentais coupable d’inachèvement. Je me sentais mal et elle aussi. Nous n’arrivions plus à communiquer.
Mais cette semaine elle a trouvé son Ikigaï. J’ai détricoté toute l’écharpe, réenroulé la pelote, et l’ai emmenée avec moi en animation d’un séminaire d’équipe pour une séquence de pelote des compliments.
Debouts en ronde dans la salle, les participants ont tiré au sort le nom d’un collègue auquel ils étaient ensuite invité à formuler un compliment, un signe de reconnaissance positif. Ouh quelle drôle d’idée ! Un peu gênant sur le coup pour la plupart des gens d’ailleurs… Faire un compliment à un collègue peut être tellement inhabituel.
Et c’est là que ma pelote est entrée en scène. La première personne à dire un compliment a pris le bout du fil et j’ai passé la pelote au suivant qui a pris le fil entre les doigts et ainsi de suite jusqu’au dernier. C’est ainsi que les relations entre les membres de l’équipe se sont matérialisés, sous leur yeux, sous la forme d’un joli fil tout rose. Formant un mignon tissage de liens comme ceux que l’on faisait, petits, entre nos doigts avec un élastique.
L’effet magique des compliments, inattendus, associé à ce souvenir d’enfance, a fait fondre un instant les masques professionnels et la lumière des coeurs émus nous a tous éblouis.
Ma pelote, aux anges, était plus douce que jamais.
Elle a trouvé sa place. Elle habite désormais officiellement dans l’armoire de mon bureau et reprendra du service régulièrement pour ouvrir les coeurs refroidis par le monde du travail.