Et si la procrastination résultait de l’encombrement de notre tuyauterie intérieure par une boue collante, inerte, un déchet qui entrave la bonne circulation de l’énergie ?
Cette métaphore me plait. Elle évite de devoir trouver les causes profondes de notre procrastination : quelles peurs ? Quels évitements ? Quels traumatismes dans la petite enfance ? On s’en fout il est sans doute inutile de chercher à comprendre. C’est juste de la saleté, il s’agit de désencombrer les tuyaux en passant à l’action. Adoptons la philosophie du Just do it et basta ! Nettoyons puis ressentons le plaisir et la satisfaction de se sentir propre à l’intérieur.
Cette boue peut venir se coller n’importe où, au hasard, même sur des actions hyper banales.
Par exemple, cela fait 9 mois que j’ai cassé mes lunettes de soleil (adaptées à ma vue) et qu’elles attendent patiemment que je les emmène chez l’opticien … Action collée dans la boue…
Je sais que je dois les faire réparer, elles me manquent, surtout avec les beaux jours qui reviennent. L’été dernier, j’ai ressorti mes vieilles lunettes, pitoyable roue de secours, un peu de travers sur mon nez, mais me permettant quand même de lire à la plage. Elles m’ont aussi accompagnée en Thaïlande en février… C’est certainement la ficelle majeure de ma procrastination : il est possible pour moi de tolérer cette solution dégradée.
Je sais où les amener : c’est à 10 minutes à pied de mon travail… Ouvert en journée continue … Aucune excuse, c’est incompréhensible.
La première action m’a déjà demandé des mois : mettre la monture cassée et le verre qui s’était détaché dans un étui à lunettes que j’ai mis dans mon sac. Mais c’est comme avec le courrier, mettre le timbre sur l’enveloppe et l’enveloppe dans le sac à main ne suffit pas. C’est du projet complexe multi-étapes et de longue haleine.
Donc l’affaire est dans le sac et puis voilou ! Status quo depuis…
Quand je pense que depuis 9 mois je dois le faire, je me sens tellement mal à l’aise, envahie par cette glue interne, sensation plus qu’inconfortable, désagréable, un peu paralysante, qui se colle sous ma mâchoire côté gauche, envahit tout mon palais, ma clavicule gauche et culmine au niveau du sternum.
Je veux étudier la carte des méridiens énergétiques chinois, pour mieux comprendre cette drôle de géographie intérieure.
Ce matin, je me suis engagée auprès de mon groupe de soutien du Sea change program de Leo Babauta (Blog Zen habits), à poser aujourd’hui cet acte hautement héroïque d’aller porter mes lunettes de soleil à réparer. Qu’est ce que je redoute tant ? Peut être d’avoir des clients devant moi car chez l’opticien, on peut attendre longtemps…
Je prends quelques minutes pour visualiser : je marche jusqu’à la boutique, je pousse la porte, si une vendeuse est libre, c’est que c’est mon jour de chance…. Puis j’expose mon problème, elle prend mes lunettes avec un grand sourire, me dit de repasser dans quelques jours, et hop ! le tour est joué.
C’est parti !
Epilogue : j’y suis allée, j’ai poussé la porte, et ça n’a pas été si simple… Je passe les détails, c’est fait !
La facture était un peu salée mais c’était le prix à payer pour ma procrastination et un geste éco-citoyen. Et ce n’est pas cher si on le lisse sur 9 mois, ni pour la satisfaction ressentie, et le plaisir que je vais avoir aujourd’hui à aller marcher fièrement avec mes lunettes sur le nez, car le soleil est revenu !
Et vous, que ressentez-vous dans votre corps quand vous pensez à ce que vous avez à faire et repoussez, repoussez, …. ?
2 réponses à La procrastination : une histoire de plomberie énergétique (3′ de lecture)